La faune québécoise compte officiellement un nouvel immigrant débarqué d’Europe : le Julius scandinavius ! Cette espèce de mille-pattes rejoint ainsi les 35 autres espèces qui peuplent le Québec, dont 19 sont aussi des espèces exotiques. Coup d’œil sur cette espèce d’apparence connue et, pourtant, bien méconnue.
Bien qu’il ait découvert cette nouvelle espèce sur notre territoire en 2022, Pierre-Marc Brousseau ne joue pas les étonnés : « Ils sont probablement arrivés avec les colons européens, mais personne ne les avait encore découverts… ».
Le postdoctorant à l'Université Concordia et à l’Insectarium de Montréal explique qu’il existe peu de recherches sur les mille-pattes. « Dans un contexte de changements climatiques, on s’attend à voir de plus en plus d’espèces exotiques, parfois envahissantes. Or, c’est difficile d’avoir une vision des impacts de celles-ci, si on ne connaît pas d’abord la faune qui existe au Québec ».
Il faut admettre que Julius scandinavius ne se révèle pas à n’importe qui : seule une dissection pour observer ses organes génitaux permet de les distinguer avec certitude d’autres espèces de mille-pattes similaires. M. Brousseau explique ainsi que des mille-pattes ont été capturés dans des pièges disposés sur 50 sites du Réseau de suivi de la biodiversité du Québec, et deux d’entre eux contenaient le Julius scandinavius. En plus de suivre l’impact des changements climatiques sur la biodiversité québécoise, dans le temps et dans l’espace, le Réseau de suivi permet donc aussi aux spécialistes de mieux connaître notre faune.
À nouveau, en raison du manque de données sur les mille-pattes au Québec, il est difficile de poser un diagnostic sur l’impact de l'arrivée d’une espèce sur le territoire. « On part toujours du principe qu’une espèce exotique est nuisible… mais dans le cas de Julius scandinavius, d’après ce qu’on connaît, sa présence est plutôt positive… bien qu’on ne sache pas s’il a un impact négatif sur les autres décomposeurs ».
Ben oui, c’est pas mal ça, la job d’un mille-pattes : décomposer la litière forestière, comme le bois et les feuilles mortes. Ce service écosystémique, offert gratuitement, est essentiel dans le cycle des nutriments. Aussi appelé recyclage écologique, ce processus naturel permet de réutiliser des composés organiques et inorganiques : vous savez, ces fameuses feuilles qui deviennent du compost pour nourrir les plantes aux alentours ? Un travail pareil, ça mérite bien mille mercis, n’est-ce pas ?!
Julus scandinavius (Latzel, 1884) (Diplopoda: Julidae) found in Québec and the Maritime provinces, representing first mentions in Canada, P.-M. Brousseau, D. A. Hennen & A. Simard, à paraître