De grands changements surviennent présentement sur le territoire. Le climat se transforme, le développement humain s’intensifie et de nouvelles espèces sont introduites ou changent leur aire de répartition. Tous ces facteurs sont susceptibles de transformer le paysage et les espèces qui y vivent. Dans ce contexte, il devient important de suivre l’évolution des habitats et de déceler les changements dans les communautés animales et végétales. C’est pourquoi, le Gouvernement du Québec, par l’implication du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et le Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements Climatiques (MELCCFP), travaille à la mise en place d’un suivi de la biodiversité du Québec.
Un tel suivi consiste à inventorier les espèces vivantes présentes dans le milieu, les plantes et les animaux (ex. poissons, oiseaux, insectes), afin d’en évaluer la diversité ainsi que certaines caractéristiques comme les dates d’émergence ou d’arrivée). L’objectif principal est de détecter les changements à court et long termes dans les habitats, les communautés et les populations. Ce suivi a pour but d’anticiper certains changements à venir et d’en évaluer les impacts. Il vise aussi à améliorer l’intégration et le partage d’information sur les milieux naturels.
L’implantation d’un suivi de la biodiversité nécessite plusieurs étapes. La première a été d’identifier des indicateurs permettant de déceler rapidement les changements dans les milieux humides, les forêts, la toundra, les lacs et les rivières. Ces indicateurs sont mesurés à partir, notamment, d’images satellitaires ou de relevés pris sur le terrain. Sur le terrain, les équipes procèdent à l’échantillonnage de différentes communautés d’invertébrés (libellules, papillons, coléoptères, araignées), à l’enregistrement de la diversité des chants ou des cris d’animaux (oiseaux, chauve-souris, grillons, grenouilles), au suivi par photographies de la croissance de la végétation, ainsi qu’à l’inventaire des différentes espèces de plantes.
Le suivi a débuté dans le sud du Québec en 2016 et les premiers tests au Nunavik ont été effectués en 2017. En 2018, un suivi sur près de 50 sites ont été suivis dont 10 sites au Nunavik, dans les communautés de Kuujjuaq, Inukjuak, et Kuujjuaraapik, de même qu’au parc national Kuururjuaq. L’objectif est d’effectuer le suivi dans une dizaine de communautés au Nunavik et de bâtir des partenariats avec les communautés pour l’implantation des appareils de suivi et la réalisation de certains inventaires. Jusqu’à présent, nous avons établi des partenariats avec le Centre d’étude Nordique, Parcs Nunavik, le Nunavik Research Centre et le Nunavik Marine Region Wildlife Board, et nous avons reçu l’aide des Landholding Corporations et des Local Nunavimmi umajulirijiit katutjiqatigininga (LNUKs).
Depuis le développement et la mise en place du suivi de la biodiversité le gouvernement du Québec travaille à regrouper les données afin de produire des outils de visualisation des données simples et accessibles pour tous. Il est souhaité que les résultats du projet de suivi de la biodiversité soient accessibles à tous afin qu’ensemble nous saisissions mieux les changements, ainsi que la complexité et l’importance des milieux naturels. La nature et la protection du territoire apparaissent au cœur des préoccupations des communautés nordiques; le suivi de la biodiversité se veut donc un support pour évaluer la capacité des milieux à faire face à ces changements et s’y adapter. Après tout, la nature est un joyau à léguer aux générations futures afin qu’elles puissent en profiter à leur tour.